Le Cercle

Le soleil venait de se coucher et lentement la lune montait dans le ciel apaisant les mers de sa lueur bienfaitrice, offrant aux cœurs amoureux une lumière sous laquelle s'embrasser en cachette. La lune cette nuit était pleine, et l'on ne pouvait que regarder sa beauté. Elle éclairait la mer dont on parvenait à voir les légères vagues. Une falaise surplombait cette mer d'un ton arrogant et celle ci, inlassablement, venait la percuter, la falaise semblait gagner a chaque fois mais pourtant dans des millénaires alors que celle ci serait réduite à néant, la mer, elle, serait toujours là. De cela l'homme, qui se tenait au bord de cet iceberg terrestre, n'avait aucune idée, ses pensées étaient tournées vers un autre endroit, un monde que seules les âmes perdues connaissent, un monde où il n'avait pas honte de pleurer, un monde grâce auquel il avait réussi a vivre, non, à survivre durant cinq ans. Et lentement à pas de loups, durant ces cinq années passées reclus, lentement il s'était rapproché du bord de cette falaise, doucement il s'était préparé a mourir. De sa blessure profonde nul n'avait connaissance et nul n'avait voulu le savoir. Il aurait pu raconter son histoire, la clamer, attirer l'attention de bien des personnes mais a quoi bon puisque même l'attention des autres le gênait. Il allait sauter et rien ne l'en empêcherait, enfin ses tourments allaient finir. Enfin son âme allait s'envoler loin au delà de toutes choses, enfin il allait oublier...


Cet homme n'avait pas toujours été ainsi, il fut dans son temps un seigneur dirigeant d'une main de fer son royaume. Il fut le détenteur d'un secret, murmure d'un passé depuis longtemps révolu, il fut journaliste critiqué pour son manque de connaissance de la langue et de sa rédaction, il fut critiqué pour des choix, il fut sans nul doute détesté par biens des personnes, il fut même hait par certains. Il fut un homme...

Le soleil venait de se coucher lorsqu'il comprit que son monde s'effondrait, il s'était crû invincible, il se savait désormais imbécile. Il décida donc de fuir, il laissa son royaume dans les mains de son intendant, il quitta son poste à la cours et il fuit loin, là où nul jamais ne devait le découvrir et pourtant il advint qu'une jeune damoiselle décida de se balader là où elle n'aurait pas dû aller, elle se rendit là où s'était caché l'homme et par un hasard poussé par un étrange destin elle le rencontra. Ils s'aimèrent au premier regard et dès que la damoiselle put elle quitta tout pour rejoindre son bien aimé. Elle le rejoignit et ensemble ils vécurent, durant un instant qui sembla plus tard au jeune homme aussi court qu'un clignement de paupières, heureux. Mais un jour il fut rendu fou par quelqu'un ou quelque chose, l'homme tua alors sa bien aimé. Terrible fut sa réaction lorsqu'enfin il se réveilla de son étrange torpeur, il hurla, se frappa, allant même jusqu'à défoncer un mur de sa tête dans sa rage. Puis vint le temps de se calmer, de vengeance point il n'y aurait car dans son esprit seuls les Dieux avaient pu lui faire cela et les Dieux étaient invincibles, cachés la haut sur leurs trônes bâtis à l'aide de révérence et de dévotion aveugle. Il comprit que rien n'y ferait et il se réfugia alors dans un autre monde...

Là sur cette falaise, il sauta, sa chute fut longue et durant celle ci il revit le visage de celle qu'il avait chéri puis tué, son cœur meurtri lui s'emballa, enfin il allait la revoir là où il se rendait en ce moment même. Il lui sembla alors que jamais il n'atteindrait les récifs situés en bas de la falaise, il crût que sa chute serait éternel et lorsqu'enfin il allait toucher au but tout s'arrêta, le monde se figea et l'homme se posa en douceur sur un rocher. Un étrange murmure lui vint alors aux oreilles, il sombra dans un sommeil profond.

Lorsqu'il se réveilla il était à nouveau en haut de la falaise, quelle ironie du sort,se dit il, celui, celle, ou qu'importe, qui l'avait sauvé l'avait mis là où il pouvait a nouveau essayer de mettre fin a ses jours. Mais alors qu'il commençait à retourner au bord il se rendit compte qu'il n'en avait plus envie, sa chute qui n'avait duré qu'un instant éphémère mais qui lui avait semblé éternel n'avait rien enlevé a sa souffrance. Sa mort l'aurait elle donc fait ? Il pensa que non car il s'agenouilla et ferma les yeux; il vit , comme a chaque fois, le visage de celle qu'il chérissait, mais désormais ce n'était plus avec l'amertume et le désespoir de l'avoir perdu qu'il la voyait mais avec l'amour et la tendresse qu'il avait éprouvé pour elle et qu'il éprouverait sans nul doute jusqu'à la fin de ses jours. Tout avait changé dans sa perception des choses, il ouvrit les yeux.

Un parchemin venait d'apparaître devant lui, un parchemin qui semblait vieux, une odeur que tous les bibliophiles connaissent se dégageant de celui ci, l'homme se demandait ce que cela voulait dire. Il se demandait qui avait bien pu le sauver puis poser là ce parchemin, il le prit entre ses doigts le caressa et enfin se décida a l'ouvrir.
Il vit dessus des étranges lettres dorées calligraphiées il y a de cela bien des saisons. Il commença a lire

"Toi qui me lit désormais puisse tu entendre mes paroles où que tu sois, il y a de cela bien des années que je t'ai choisit pour te conter une histoire que seul toi pouvait croire et transmettre, une histoire qui te mènera à une quête , une quête qui t'emmènera la rédemption. Des souffrances tu as traversées mais tout ceci s'arrête aujourd'hui. Tu es enfin prêt à accomplir la tâche pour laquelle le destin t'a fait venir au monde. "

L'homme n'avait cessé de regardait autour de lui au cours de la lecture de cette missive pour la moins étrange, il se demandait qui avait bien pu la rédiger, il se demandait si elle s'adressait bien à lui. Il n'y avait rien d'extraordinaire en elle mais pourtant il s'était senti insuffler d'une envie de combat glorieux, il savait désormais qu'il avait besoin d'un but qui conduirait son existence et bien que sceptique quant à cette croyance en Fortune, il savait au fond de lui qu'il se devait de faire ce que lui ordonnait la missive, il voulait entendre l'histoire qu'on avait à lui conter mais pourtant la missive s'arrêtait là. Il regarda au derrière de celle ci, autour de lui, mais il n'y avait rien. Il ferma les yeux pensant, dans un espoir fou, qu'une nouvelle missive apparaitrait alors. Lorsqu'il les rouvrit une nouvelle lettre était apparut mais elle n'était pas seule, à côté d'elle se dressait une épée magnifique plantée la garde en haut dans la terre. L'homme éblouit par sa magnificence ne regarda même pas la lettre, il s'approcha de l'épée et vit que tout au long du fil de la lame était gravée ces mots: " Vis, Honestas et Virtus" . L'homme connaissait ce langage pour l'avoir étudié, ces quatre mots résumaient l'esprit de tout soldat, de tout guerrier, ils signifiaient: Force, Honneur et Courage. L'homme prit l'épée dans ses mains et celle si se mit à rougeoyer d'une puissance séculaire, puissance imprégnée dans l'épée par des sorts immémoriaux. Il posa l'épée au sol et ramassa la lettre il ne s'attarda pas sur la beauté des lettres, il lut de suite son contenu

"Je t'offre Ater Gladius, l'épée noire, nommée ainsi pour des raisons aujourd'hui inconnues. Elle fut surnommé par son premier maître Atergla et j'espère que tu en feras ainsi. Elle t'accompagnera et t'aidera dans les combats auxquels tu seras confronté . J'aimerais te conter l'histoire dès a présent mais mes pouvoirs s'estompent et je ne saurais l'envoyer comme je t'envoie ces lettres. Tu devras donc la réunir car je l'ai dispersée afin que personne d'autre que toi ne la lise intégralement. Tu trouveras le premier fragment de l'histoire dans la grotte des âmes perdues mais prends garde car des défis t'attendront a chaque fragment pour te tester. L'emplacement des autres fragments te sera révélé plus tard lorsque entre tes mains le premier des fragments se trouvera"

L'homme se leva et quitta la falaise marquant ainsi la rupture avec son , ancienne vie...