La bibliothèque du Cercle

Un nouveau bâtiment venait d'être ouvert sur l'île d'Eques et Klaedr en personne l'avait inauguré. A l'intérieur de celui se mêlaient des livres et des objets scientifiques. Des longues plantes venaient oxygéner l'immense pièce circulaire. De gigantesques armoires étaient remplis de livres multiples venant de toute part. Ce condensé d'histoire était ouvert à tout ceux le désirant sans exception et tous les auteurs pouvaient y figurer. Le Dux du cercle prit donc la parole sur les parvis de cette immense bibliothèque...

Seigneurs, en cette bibliothèque vous pourrez venir lire des grands ouvrages sur l'histoire ou bien la botanique, sur des combats ou bien sur l'amour. Le Cercle est heureux de partager sa connaissance en ces lieux et c'est avec grande joie que vous aussi pourrez vous essayer à la littérature...

Le Nain se tut laissant la lecture dominer cet endroit

Le Livre d'Eques-Extrait 1 [ Les chaînes de ma voix, les ailes de mon silence... ]

Klaedr assis dans la bibliothèque du Cercle lisait le manuscrit d'Eques, il
lisait les pages, les buvait littéralement. Sans arrêt le Nain
tournait frénétiquement les pages hésitant parfois, comprenant peu et
cherchant des réponses tout le temps. Le Dux du Cercle tournait les
pages de ce livre qui figurait au rang d'évangile parmi les arpenteurs
de la voie de la connaissance. Klaedr, qui se refusait à laisser le
manuscrit dans la bibliothèque tant il était précieux, préférait
recopier les passages intéressants, enfin les plus intéressants car le
livre l'était tout entier. Une fois ces passages recopiés, le Nain les
entreposait dans la bibliothèque les laissant libre d'accès...

La plume grattait lentement le parchemin que Klaedr avait choisit, une
sorte de fusion avait lieu entre l'encre qui coulant sur le papier
allait se solidifier pour entrer dans l'éternité, rentrer dans les âges
futurs...
Les mots qui s'enchaînaient sur le parchemin étaient donc
extraits du livre d'Eques, le saint manuscrit. Des mots empreints d'une
sagesse sans nom que seuls certains comprennent et apprécient tandis que
d'autres refusent se laissant sombrer dans l'obscurité...

Citation :: Je ne suis que peu de choses.
Je ne suis qu'une légère vague.
Relisant mes autres récits je me rends compte que souvent je répète mes pensées
mais je ne peux échapper à ce qui me hante ne cessant de me rattraper
lorsqu'enfin je crois trouver le bonheur, lorsqu'enfin je crois trouver
la joie.
Je n'existe pas, voilà tout. Qui aurait pu croire que
devenu un homme à l'âge mûr je perde la fougue de ma jeunesse et que je
devienne un sombre crétin enfermé dans mes tourments. Je sais que
m'emprisonner moi même de chaînes ne rime à rien et pourtant sans
raison je le fais, brûlant mes ailes, coupant le cadeau des dieux, la
liberté.
Je ne vole plus, je ne suis plus cet aigle qui autrefois
balayait les vents, je ne suis plus rien. Et sans cesse je me demande
comment ai je pu chuter ainsi de ce ciel où j'étais si bien. Mes ailes
ayant brûlé pourraient se redéployer si seulement j'osais passer une
pommade dessus mais je reste hanté par ces ombres qui tournent autour
de moi, ces ombres qui rigolent lorsque seul je me questionne sur le
sens de ma vie, ces ombres qui sont le résultat de mes fantasmes
cauchemardesques...
Je pourrais dire que je suis un aigle royal
descendu un jour parmi les hommes, ayant conversé avec eux et n'ayant
jamais pu re-décoller et ne le pouvant pas pour des raisons absurdes...

Je ne suis pas le seul a être ainsi, je ne suis pas le seul à me morfondre
sur mon sort, j'en ai conscience et pourtant je reste enfermé dans mon
mutisme qui ne disparaît que lorsque ma plume se libère de ses chaînes
pour embrasser ma main. Si seulement j'avais eu un autre destin. Si
seulement j'avais pu vivre dans cette ignorance de joie. Heureux sont
les ignorants, mais malheureux sont les hommes de lettre et de culture.
La connaissance apporte des questions et ces questions n'ont pas
toujours de réponses. Et ce sont ces réponses que j'étais venu chercher
parmi les hommes sans savoir car j'étais persuadé que eux sauraient.
Paradoxe ? Je le sais et c'est ainsi que j'ai constaté le bonheur des
hommes qui vivaient plus bas que moi et je suis resté collé parmi eux
trouvant ainsi plus de questions sans réponses...

Mon être tout entier hurle, mon cœur crie à ma tête d'agir et pourtant je reste
silencieux. Je sens la fin de ma vie venir, je ne sais pourquoi et
c'est depuis que j'ai ce sentiment que j' écrit ce livre. Je hurle tant
que je peux et pourtant je reste silencieux. Cette chose qui est au
fond de moi m'empêche de parler, cette obsession me rend victime de
mutisme. Et ainsi, dans ce qui me servit tout au long des dix dernières
années de bureau j' écrit ce qui sera mes mémoires, les mémoires d'une
vie semblable à la fin de ma vie. Alors que j'aurais voulut hurler je
fus silencieux...

Eques
Le Silence hurlant d'une Vie

La plume s'arrêta d'écrire et le lourd livre d'Eques se referma sur les
raisons de ce livre et sur la déchirure qui hanta le père du Cercle...

Merci à l'académie des Langues pour la correction

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