Discours ouvert du représentant Eno.

Il y a de cela très peu de lunes j'eus envoyé une missive à l'intention du Général de la garde l'éminent seigneur Odrouk. Cette missive avait pour but de le convaincre, le convaincre que moi, Eno Andersein, représentant du conseil des Justes demeurant en Terra Muerte, les terres de l'illustre Marqués De Marchemort, souhaitais rejoindre la garde pour des raisons qui me paraissaient plus que nobles.

À cette missive le Général me répondit le plus cordialement du monde dans un courrier soyeux, d'une syntaxe raffinée et au voleté de plume des plus artistiques. Cette réponse n'était autre qu'une invitation au poste de la garde dans le but de mieux me connaître et de cerner ma personnalité. Malgré les troubles qui agitaient la région, notamment les mystérieuses attaques de paisibles villages, je m'efforçais d'honorer cette invitation le plus vite possible.

...quelques heures plus tard...

Les portes étaient vraisemblablement fermées et je dus attendre que l'on vienne me les ouvrir ; il y avait bien quelques soldats çà et là, mais je doutais que ces derniers possèdent une quelconque clef. Je tentais néanmoins ma chance.

-Excusez moi mais le Général Odrouk m'a demandé de le rejoindre en ce lieu pour une discussion avec lui même et le sire Seifer, pourriez vous m'ouvrir cette salle je vous prie ?

Le soldat ne tourna que les yeux, il me regardait de haut en bas et sans un mot je compris qu'il n'était pas enclin à faire ce dont je lui avais pourtant poliment demandé, l'attente était donc mon seul recours.

Parcourant le haut des murs de la Grande Porte du Poste de Garde, j'eus faciliter à distinguer en bas, sur la terre ferme, le Sieur Eno Andersein. J'avais déjà maintes renseignements sur lui qu'il devait encore ignorer. Bref, j'ordonnais aux gardiens quelques mètres plus loin d'ouvrir la porte immédiatement avec en prime, une petite remontrance.

Quelle impolitesse de laisser les personnes dehors ainsi ?! Il fallait que cela change et après leur avoir fait remarquer. Je ne doutais point que ça ne se reproduira plus... Après cette accolade, je descendis les marches et rejoignis Eno Andersein.

- Pardonnez l'impolitesse qui vous a était faites en vous laissant attendre ici. Je suis Odrouk, Général de la Garde d'Alérandir Dâah.

Je lui fis signe de me suivre...

L'on ne pouvait le confondre, le seigneur Odrouk connu depuis de très nombreuse lunes sur ces terres m'apparue en corrigeant comme il se doit ce garde qui visiblement, n'en avait que faire de son...métier. Comment pouvait-on à ce point renier ce que nous sommes ? Si ce travail de soldat du Doux ne lui convenait pas, il pouvait en partir aisément il me semble.

Je regardais le seigneur Odrouk du mieux que je pu, avec le soleil dans le dos il était difficile de garder les yeux ouvert, jusqu'à ce que de sa personne une ombre reposante masquait cette aveuglante aura que dégageait le soleil et me permis de le voir parfaitement.

De toute sa hauteur il m'invitait à entrer afin de discutailler, j'obéis sans un mot, à quoi bon parler quand rien n'est nécessaire à l'utilisation de la parole ? Tant de prétendu seigneurs pensent que la parole prime à la consistance de qui peut sortir de notre bouche, une erreur en toute simplicité qui n’est autre qu’une insulte à la mère langue de nos aïeux.

Un messager arriva, il me communiquait l'avancement de la traque des destructeurs de villages, je donnais rapidement mes ordres de mouvement de troupe afin que la plus grande surface terrestre possible soit minutieusement fouiller, ces pleutres ne s'en tireront pas comme ça, bientôt ils devront répondre de leur actes devant le Moux.

Nous étions maintenant assis l’un en face de l’autre. Une table rectangulaire nous séparait. Eno Andersein semblait plutôt discret et parlait peu, caractère qui me plu. Bien qu’il soit maintenant l’heure de commencer l’entretien !

- Je vais être direct et vous interrogez à plusieurs niveaux. Tout d’abord, je tiens à vous dire que j’ai beaucoup aimé votre lettre de postulation. Votre politique me plait beaucoup tout comme le point de vue que vous avez développer. Maintenant, j’aimerais savoir ce qui vous pousse à devenir Garde. N’avez-vous pas peur de « commettre l’erreur ». Vous savez, ceux qui cherchent à faire avancer les choses sont souvent critiqués. Et ils deviennent parfois détesté par le peuple. Il est difficile de plaire aujourd’hui…

Mes yeux restèrent fixés sur Eno Andersein. J'étais à l’écoute. Impatient d’entendre se voix.

Je ne pris pas la peine d'observer la salle ou le seigneur Odrouk me fit entrer, à quoi bon ? Confortablement installé j'en profitais pour reposer mes jambes douloureuses après se voyage éprouvant. Ô ce n'est pas tant le voyage en lui même mais plutôt l'état des routes pour parvenir jusqu'en ce lieu, à croire que tout était fait pour ne point le trouver ; ce qui est, et nous sommes tous probablement d'accord, dommageable.

Odrouk pris la parole, il me posa des questions précises visant à évaluer mon caractère, c'était bien normal, par le passé ce ne fut pas toujours le cas et quelque abomination fit leur passage, bref mais intense, au sein de la garde ou de l'hastration.

-Merci seigneur, je suis ravis que vous ayez apprécié ma lettre de candidature, elle ne reflète que ce que je suis cependant.

Je pris quelque seconde pour réfléchir à ce que j'allais répondre, il vaut mieux prendre son temps et peser chacune de ses paroles que de sortir des énormités comme j'ai pu le voir pendant ma triste vie.

-Voyez vous Sir, pour moi la garde est en quelque sorte une finalité, un aboutissement à une vie tourmenté par la guerre, la justice et la compassion. Outre le fait que mon dévouement vas aux terres de Terra Muerte du Marqués De Marchemort c'est, comme ma lettre vous l'expliquait, envers la justice que ma dévotion est la plus forte ; d'où mon appartenance au conseil des Justes qui malgré toute les attaques d'une bassesse sans équivoque fait face.

J'en viens donc à répondre à votre seconde question. Je suis par mon appartenance au conseil des Justes habitué à être le bouc émissaire de la bêtise de nombreux seigneurs que nous jugeons et punissons. La limite de la vulgarité est souvent dépassée mais ce n'est pas pour autant que j'en perds mon sang froid. Commettre l'erreur ? Quel être vivant peu se targuer de ne pas faire d'erreur ? J’en fait, comme beaucoup, mais à la différence de nombreux seigneur j'en ai toujours assumé les actes et le poste de garde ne me fera pas dévier de ce principe bien qu'il semble convenir à toute mes espérances.

Je n'ajoutais rien, je suis de ceux qui répondent de façon précise sans entrer dans les méandres de la diarrhée verbale. Je pensais avoir répondu aux questions du général et j'attendais sa réaction toujours aussi serein en sirotant le fond de ma gourde sans que l'on ne puisse identifier le liquide qui à présent coulait au fond de ma gorge.

Décidément, cet homme me plaisait. De tous les entretiens que j'ai pu passé dans ma longue vie, le commencement de celui-ci m'enthousiasmait. C'est avec soulagement de savoir que je n'étais pas là pour voir un ridicule postulant mais un vrai candidat au poste de Garde que je poursuivis.

- Bien bien. Très bien ! Dites moi, si vous parvenez à obtenir ce Poste de garde tant convoité, qu'elles seront, s'il y en a, les actions prioritaires que vous souhaiterez mener ?

Soudain, ma pensée vint au Conseil des Justes. Pleins de sujets en lien à cette Guilde me vint à l'esprit. Tous bien différentes des autres...

Nouvelle question. Je ne changeais pas ma ligne de conduite et je pris quelques secondes pour réfléchir, rassembler mes idées, ma mémoire en espérant user de toute mes connaissances pour répondre de façon pertinente. Je levais les yeux en direction d'Odrouk et d'un regard pausé mais assuré je lui répondit le plus simplement et gentillement possible.

-En accédant au poste de garde je ne pense pas que ce soit mes priorités dont il soit question, mais plutôt de ce qu'il y a a faire, j'entends dire par là c'est que c'est l'action des autres, des Agueratonniens, qui nous donne du travail, lorsque ceux ci débordent, ne respectent pas les lois établies et les directives du Doux et de la garde. C'est malheureux à dire mais il est souvent, trop souvent, nécessaire de protéger les hommes et les femmes contre eux même, contre cette folie qu'est la vie. Les règles sont faites pour être respecter, pour que notre monde soit harmonieux ; je n'imagine pas ce que serai ces terres sans le visage bienveillant de la loi et la justice ; les brefs aperçut que nous pûmes voir lorsque de vils représentant du Doux l'insultèrent lui et notre intégrité lors de leurs déviances nous donna une esquisse de ce que ce monde serai.

Une grande phrase d'un phrasé pas toujours correct mais qui traduisait assez bien ma pensé concernant les actions de la garde. En effet la garde de mon point de vue n'est pas une action solitaire mais un mouvement collectif pour le bien du monde.

J’étais attentif au moindre son sortant de sa bouche. J’étais attentif aux gestuelles, à ses manières, à tout ! Quand il eut terminé, je repris.

- Faire face à la critique n’est pas toujours facile. Et pourtant, Dieu sait que l’on doit rester impassible face à tels comportements. Paix & Justice sont deux mots bien différents avec un contraste sérieux. La paix rime avec l’harmonie. Mais comment avoir une Harmonie sans Justice… De plus que pour faire régner Justice, l’emploie de la Force est souvent nécessaire.
D’où l’importance de savoir diriger une armée avec intelligence. Avez-vous quelques expériences dans ce domaine ?

Diriger une équipe de soldat est simple, suffit d’avoir le Pouvoir. Mais diriger une armée avec discernement et perspicacité est une autre affaire…

J'attendais cette question car elle allait de soit avec le poste brigué. Je répondis le plus naturellement du monde en ne citant que mes expériences personnelles.

-Voyez Sir, encore une fois vous avez raison. Nombreux sont les seigneurs qui pensent que le nombre fait la force, ce qui peut être vrai par moment, mais j'ai eu une chance énorme, une chance que peu de seigneurs peuvent se vanter d'avoir eu.

Lorsque j'étais perdu, à la recherche de moi même et que je fis défait, le seigneur Kaizeur me pris sous son aile, son surnom de barbare était à mon gout des plus exagéré. Certe il n'avait pas l'habitude de laisser des survivants lors de ses attaques, mais plusieurs fois il remportait de grande victoire. J'ai vu de mes yeux une bataille l'opposant à pas moins de six seigneurs portant de glorieux blason tel que Avallon Lumbe ou encore Rinde Naine se solder par une écrasante victoire. Certe vous me direz que ce n'était pas moi, et je vous l’accorde, mais le fait est que j'ai pu acquérir de l'expérience en ce qui concerne le maniement intelligent de troupe.

Que de grandes batailles mes yeux avaient pu voir, que ce soir Kaizeur ou Marqués De Marchemort, je fis bien souvent le spectateur de véritable bain de sang. Ah ça, on pouvait dire que feu Kaiz', n'avait rien à envier à personne sur se point...

- J'ai connu Kaizeur, dans le temps. Et je connais son aptitude dans le domaine militaire. Vous avez eut là un modèle en la matière. Vous avez de la chance, vous savez...

Je réfléchis un instant et plus aucune question ne me venait. L'entretien arrivait à son terme. Je rajoutais pour conclure.

- Eh Bien, vous me voyez ravi de vous avoir rencontré. Au plaisir de vous revoir ! Je vous informerais du résultat en temps voulu.

Je me levai en direction de la porte.

Décidement, Kaizeur était vraiment une figure incontournable de ces terres. Odrouk se leva car l'entretient était terminé, je lui fit un signe de la tête témoignant de mon respect envers lui. Que pouvais-je ajouter de plus ? Je n'avais rien à cacher et j'avais dit tout ce qui m'avais été demandé, je n'allais tout de même pas sortir une banalité affligeante.

Je me levais donc le suivant en direction de la porte, il n'avait rien dit mais le bon sens aurait voulu que les réponses aux candidatures devaient être envoyées par missive ; Odrouk était un homme de bon sens, j'en conclut donc que je pouvais partir, retournant le plus vite possible auprès des soldats Justes qui pourchassaient les responsables des attaques de village côtier.