Rosé des sables

Apprenti Nombre de messages : 70 Participation RP : 16 Inscription : 31/07/2009

Le désert, une mer de sable parsemée de rares oasis vous diraient les plus éminents géographes.
Les Terres Inconnues? Une terre vierge encore peuplé de races et d'animaux inconnus, rêve de tout spécialistes animaliers et de tous taxidermistes! Des hectares et des hectares de terrain à revendiquer selon les plus grands conquérants des lieux! Une terre de profits faciles, des richesses à même le sol selon les plus éminents prospecteurs et chercheurs de trésors!

Mstislav se souvenait encore très bien du faciès stéréotypé de l'aubergiste qui lui avait parlé des lieux: un regard vitreux, des cernes gigantesques, un nez dont la taille et la rougeur annonçaient une cirrhose qui approche au galop, une moustache sale dans laquelle on devait encore pouvoir retrouver nombre de bestioles tuées par des relents de bières "maison", et cette haleine, saint Doux! Quelle haleine!
Pas étonnant qu'il n'ait pu trouver la force de s'enfuir quand l'aubergiste lui parlait, une haleine pareille vous enfonce au plus profond de votre siège, vous fait perdre la raison et liquéfie le cuir des vestes de la meilleur qualité!
Le fait est que, tentant tant bien que mal de s'éloigner du comptoir et gêné par ses comparses qui lui bouchaient la seule voix d'évasion, les paroles de l'aubergiste l'avaient marqué au plus profond de ses capteurs olfactifs:

"Un Tigre mon bon monsieur?! Un lézard plutôt ouai! Et bien habillé avec ça! Bien sûr que je m'en souviens, y'voulait pas qu'je rende la monnaie v'voyez?"
Son visage était toujours plus près, l'odeur toujours plus forte et il avait poursuivit après un magistral cracha sur le comptoir.
"Et ba il est partit vers les Terres Inconnues, vers l'désert! Chez lui qu..."

L'uppercut salvateur avait atteint le malandrin avec une ô combien satisfaisante précision. Le temps d'essuyer son poing sur sa cape d'hermine et de s'en débarrasser, Mstislav avait couru à l'extérieur de l'auberge en toussotant. Le souvenir de ce cours dialogue lui donnait toujours des frissons...

...frissons sacrément paradoxaux compte tenu de la température qui régnait autour de lui.
Bienvenu dans le désert! 50 degré à l'ombre, sans ombre!
Bienvenu dans les Terres Inconnues! Terres où les autres ramassent les trésors par terre tandis que vous êtes condamnés à n'y trouver que du sable, à moins que ce ne serait ce sable qui vous trouve! Ce sable qui se faufile partout, dans vos souliers, dans vos sous vêtements, dans vos cheveux! Ce sable qui se colle à votre peau lorsque votre sueur s'évapore malgré les couches de vêtements soit-disant protecteurs! Ce sable qui irrite et rend fou!
Mais en même temps, quel spectacle atypique qu'une troupe de mercenaire, habillé de vêtements chauds, à cheval dans le sable.
Les soldats râlaient, mais Mstislav n'était pas d'humeur (en effet, les caisses de vin qui accompagnaient toujours Kolenski avaient mal supporté la chaleur et les bouteilles avaient éclaté tant le micro effet de serre qui y régnait avait fait monter leur température), et ils savaient ce qui leur en couterait que de faire le moindre reproche. Et puis, rien n'aurait fait changer d'avis leur employeur, il voulait rencontrer ce satané homme-chat quoi qu'il en coute, et le plus rapidement possible. Voilà pourquoi tant de préparatifs étaient passés à la trappe. Du Grand Nord aux Terres Inconnues, les seules étapes avaient consisté à faire le plein de vivres et de vin. Les chevaux n'en pouvaient plus, mais eux aussi n'avaient pas le choix. Les plus faibles étaient abandonnés au soleil puis ensablés pour servir de viande cuite sur le chemin du retour, si retour il y avait.

On pouvait voir quelques silhouettes à l'horizon, des plateaux sur lesquelles florissaient forts et villes souterraines, des oasis et quelques luxueux châteaux dans le plus pur type humain, avec ses tours et ses créneaux.
Un des plus vieux mercenaires qui accompagnaient l'ex-roi Kolenski ralentit soudain en apercevant l'un d'eux. En son for intérieur il se doutait bien de qui son employeur cherchait à retrouver, mais la vue du château natal de Mstislav (et donc, non loin de là son propre village troglodyte natal) le choqua. Malgré la peur panique qu'il éprouvait à parler du passé à son maitre, il se rapprocha de ce dernier et lui murmura d'une voix anxieuse:

"Mon seig... Monsieur... vous vous faites du mal en venant ici, et vous risquez votre vie et celle de vos sold..."

Le coup de poing manqua de peu la mâchoire du vieil homme et ne causa pas l'issue tant attendue par Mstislav, bien au contraire.
Ce fut lui même qui tomba de selle et s'effondra dans le sable, un des pieds encore dans son étrier. Le cheval paniqué par ce brusque évènement commença à prendre de la vitesse, trainant le malheureux ex-roi qui tentait de se dégager le pied.
Hurlant de rage, bouillonnant de colère, les insultes que proféraient Kolenski se noyèrent dans le sable qui s'insinuait dans sa bouche. Finalement, si ce ne fut pas son pied qui se dégagea de l'étrier, ce fut sa chaussure qui se dégagea de son pied. Le sable griffa ses mollets et il se retrouva alors enfin libéré, bien qu'à moitié noyé dans le sable.
Toussant et crachotant tandis qu'il se relevait et que ses mercenaires venaient s'inquiéter du sort de leur fortuné employeur, Mstislav aperçut au loin des silhouettes, dont l'une plus imposantes que le autres. Oubliant ses hommes, il poussa un long soupir, contenu sa rage du mieux qu'il pu et se parla à lui même:

"Bon sang, voilà enfin cet [la bienséance ne nous permet pas de divulguer ce propos] ! Tant de trajet en si peu de temps, j'espère qu'il n'aura pas voulu que l'on se voit pour rien... et qu'il a le vin que je lui ai demandé en contre partie!"

[Hors RP: Veuillez m'excuser pour le jeu de mot foireux qui tiens lieu de nom au sujet, je recommencerais pas, promis!]

La grande tente était installé depuis quelques heures déjà quand enfin le huissement familier résonna aux oreilles du Sultan. Se levant avec lenteur, il fit signe à Joril et Vicnua de venir avec lui.
Il prit la direction du chemin de son visiteur, saisissant au passage une caisse pleine de bouteilles de vin. Une fois son chargement bien ajusté sur son dos, il prit un pas léger, encadré par deux de ses protecteurs, il faisait chaud ce jour-là, inutile de se fatiguer plus que nécessaire.

Le cheminement entre les dunes de sables se fit sans encombre, cette partie du désert était sienne et il veillait à ce que nul ne pénètre en ces lieux sans y être invité. C'est ainsi qu'au moment où ils franchirent une montagne de sable un peu plus haute que les autres, ils assistèrent au spectacle plutôt dérisoire que donner l'homme venu à la rencontre du Sultan.

*Je ne me rappelle pas avoir rencontré si mauvais cavalier, même dans les peuplades du Nord.*

C'est ainsi que, souriant, il entama la descente, suite logique de toute montée dans le désert, de la pente sableuse, interpelant de vive voix celui-qui-n'avait-qu'une-chaussure.

« Eyh l'ami! Ce n'était pas convenu dans nos négociations, mais si tu y tiens tant je pourrai te donner un cours d'équitation une fois que nous en aurons fini avec nos affaires. »

Les mercenaires de l'interpellé rattrapèrent bien vite leur maître et l'aidèrent à s'extraire du sable, à la force de leurs bras et de nombreux jurons. Se relevant, il semblait sur le point d'explosé quand enfin, Ostros arriva a proximité.

« C'est bon? Si ces gentilshommes veulent bien me suivre, nous allons nous rendre en un endroit un peu plus confortable pour discuter. »

Se retournant s'en attendre une quelconque réponse, il se rappela alors qu'il avait toujours son chargement, le laissant choir sur le sable chaud avec précaution, il ajouta s'en s'arrêter:

« Tiens au fait! Voilà ma part du contrat. »

Il faisait plutôt bon aujourd'hui pour dire qu'il se trouvait dans le désert, la température était plutôt douce, 40-45 degrés au maximum. Le vent du sud avait cette capacité tant appréciable de pouvoir refroidir l'air. Suivant le même chemin qu'à l'aller, dans l'autre sens bien entendu, le retour se passa lui aussi sans encombre.

Joril et Vicnua plaisantèrent durant tout le trajet, tandis qu'Ostros restait perdu dans la contemplation de tout ce qui l'entourait. Les mercenaire et leur chef suivaient quant à eux un peu plus en arrière.

En arrivant devant le camp, Ostros d'un signe de main indiqua à ses hommes de s'occuper des montures qui semblaient totalement épuisées.

« Je vous invite à vous reposer messieurs, Sir Mstislav, si vous voulez bien me suivre. »

Il l'invitait à entrer sous l'abri de la grande tente.

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Délaissant ses hommes, une des bouteilles offertes par le sultan à la main, Mstislav pénétra dans la tente d'Ostros. Il jeta un regard autour de lui. La tente n'étais pas particulièrement décorée, tout semblait ici présent pour avoir sa propre utilité: pas de confort inutile. Simple et efficace.
Retirant à l'aide de ses dents le bouchon de liège (ou fait à partir d'une de ces racines spongieuses que l'on trouve dans les environs) qui séparait Kolenski du doux breuvage à la teinte rosée, il bu une gorgée avant de s'adresser à son noble hôte.

"Hem, avant toute chose... je vous remercie pour le rosé."

Il n'était pas très frais ce rosé d'ailleurs, mais après être resté tant de jours de voyage dans un état de sobriété le plus extrême, Mstislav ne faisait pas la fine bouche. Il rebut une gorgée, plus longue cette fois-ci.
"Hum, l'alcool fluidifie le sang, éclaircie les idées, détend l'atmosphère, adoucit les contours de cette triste réalité... et donne le courage de parler!" pensa-t-il avec satisfaction.
Et cela du courage, il allait lui en falloir. Face à lui, Ostros le dominait nettement en taille et en carrure, à moins que ce ne soit qu'une impression?
"Peu importe, l'alcool me fera gagner quelques centimètres..." se dit-il. Et le voilà repartit pour une gorgée.

...

Une fois la bouteille finie et la patience de l'homme-félin-reptile méchamment entamée, Kolenski posa avec calme la bouteille vide. Il se teint droit face à Ostros et commença à parler sans difficulté, avec un timbre plus mélodieux et mielleux que celui qui collerait en temps normal à un individu ayant été trainé dans le sable et ayant fait une promenade d'une semaine dans le désert sans équipement adapté.

"Sieur Ostros, de part vos manières j'ai l'impression que vous ne semblez pas m'avoir reconnu. Cependant je dois vous concéder que vous ne m'avez probablement jamais réellement vu pourtant vous m'avez appelé par mon prénom, c'est assez intime comme comportement, n'est-il pas? Le fait est, que, il y a de cela trois ans, dans un moment d'égarement, votre royaume est rentré en conflit avec le mien. Dois-je réellement vous le rappeler?"

Mstislav marqua un temps d'arrêt, respira et observa la bouteille vide posé à côté de son pied. Il releva la tête puis reprit avec calme et sérénité.

"Vous devez vous souvenir de ce qui a suivit. Le premier jour, une victoire écrasante de vos forces contre mes armées, deux jours de retraite, puis le quatrième jour, le soulèvement du peuple contre mon autorité. J'ai été forcé de m'enfuir, certes d'un manière peu glorieuse. Mais le mal était fait. Mais... je ne vous en veux pas, il faut des gagnants et des perdants, et je suis celui qui a déclaré les hostilités."

Après une grande respiration, il continua:

"Pourrais-je savoir pour quelle raison j'ai pu recevoir une missive de votre part avec pour "ordre solennel" de vous rejoindre aux frontières de votre royaume dans "les plus brefs délais", sans qu'il n'y ait mention particulière de mon nom? Cela ne peut être une erreur, vous m'avez appelé par mon défunt titre et accueillit avec une amabilité franchement ostentatoire pour un vieil ennemi, fusse-t-il été pour quatre jours seulement!"

Voilà que son sang recommençait à bouillonner et qu'il reperdait le calme qu'il avait durement acquis avec l'aide de son allier l'alcool.

"Soyons brefs... avez-vous une raison sérieuse pour me faire venir ici ou vous foutez-vous réellement de moi!?"

Assis confortablement sur un ensemble de coussins, Ostros assista au mal qui rongeait son interlocuteur, ce dernier prenant le temps de vider l'intégralité de sa bouteille avant de commencer à prendre la parole. Le sultan cru un instant qu'il ne tiendrait jamais assez longtemps, il était plutôt patient mais là c'était trop. Mais finalement l'homme finit par prendre la parole.

Souriant devant le changement radicale de posture et de voix que prit Mstislav en s'exprimant, il écouta avec attention la succession de plaintes de ce dernier, car qu'était-ce donc si ce n'est des plaintes? Vous êtes entrez en conflit avec mon royaume... J'ai du m'enfuir... Ordre solennel... Vieil ennemi... Raison sérieuse...

Perdu dans ses pensées, Ostros fini par remarquer qu'il avait fini de parler et que c'était donc à lui. Se levant avec lenteur, il se tint face à l'homme. Inspirant un bon coup, il entama donc la succession de réponses attendues par son interlocuteur:

« Messire Mstislav, n'oubliez pas qui je suis! Et surtout n'oubliez pas qui vous êtes !? Oui je veux bien reconnaître que le ton employé, vis à vis de votre personne lors de votre arrivé, n'était pas franchement usuel. Mais comme vous l'avez si bien rappelé, suite à votre déclaration de guerre, j'ai pris possession de vos terres avec le soutien même de votre peuple. Par la même occasion j'ai pu observer vos anciennes possessions, notamment ce château non loin d'ici, fait qui m'a permit de prendre conscience de l'égocentrisme de votre personnage, votre nom accompagné nombre de portraits de votre personne, c'est ainsi que je me suis permit de vous appeler ainsi. »

Marquant une pause, il se servit une tasse de thé, dont il aspira une gorgée sans empressement.

« Vous parlez de moi en qualité de vieil ennemi, je vous rappelle que vous avez été conviez ici, certes j'ai préféré donner un ton autoritaire à mon invitation, mais je savais que vous réagiriez dans le bon sens en voyant cela. J'ai pas mal appris de vous grâce à votre peuple et à l'exploration de vos domaines. Maintenant, vous pouvez continuer à vous esquinter ainsi avec votre ami alcool et vos crises de colère, auquel cas je me ferai un plaisir de vous escorter de manière solennel, en compagnie de vos hommes, jusqu'à la frontière à partir de laquelle vous serez libre de vous rendre où vous voulez. »

Prenant le temps de sourire, il laissa couler d'un coup l'intégralité du fluide de sa tasse au fond de sa gorge. Reposant le contenant, il reprit:

« Ou alors, vous pouvez maitriser votre tempérament, vous asseoir et accepter une tasse de thé ? »

Il fouilla quelques instants dans ses poches, avant dans sortir un petit coffret et une petite clef.

« Voilà la raison pour laquelle je vous ai fait venir. » expliqua-t-il en montrant les deux objets. « Il semblerait en effet que dans votre fuite, vous ayez oublié ces objets et à ce que j'ai cru comprendre ce coffret contient quelque chose d'important à vos yeux, cet bague devrais-je dire... Il est vrai que je n'ai pu m'empêcher d'observer ce qu'il y avait dedans. J'ai donc tenu à vous la rendre en main propre et comme les affaires de mon royaume et de mes fonctions ne me permette pas de parcourir le monde à votre poursuite pour une futilité pareille, j'ai préféré vous faire venir ici. »

Il se rassit, invitant le sire à faire de même.

« Sinon. Vous avez fait bonne route? »

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Il est peu de chose que d'avouer à quel point l'effort que dut faire Mstislav pour se maitriser lui fut éprouvant. Ses tremblements furent cependant rapidement calmés et la passion laissa place à la raison: il ne se souvenait que trop bien de sa chute de cheval et de l'acte qui l'avait causé. Il se massa les yeux, inspira et saisit le coffret familier que lui avait présenté le souverain de Feledor. Une fois ouvert, il y plongea sa main et récupéra la bague incrustée de petites pierre vertes. Il la glissa autour de son index et s'inclina devant Ostros en signe de remerciement avant de prendre la parole.

"Je doute que cette information vous intéresse, mais cette bague appartenait à ma nourrice."

Il eut un sourire triste qui trahissait sa profonde mélancolie, tandis qu'il regardait et caressait la bague de son pouce.

"Mon défunt père l'avait faite exécutée pour des motifs qui paraitraient valables pour un roi mais odieux pour quelqu'un ayant reçu un minimum d'éducation moraliste."

Mstislav observa la tasse de thé, s'assit sur les coussins en face de son hôte et saisit le petit récipient qui lui brulait déjà les doigts malgré la chaleur ambiante.

"J'accepte cette tasse de thé en gage de reconnaissance envers vous, tant pour votre indulgence que pour le poids dont vous m'avez libéré en annexant mes terres. Et je ne doute pas que mon peuple s'est vu charmée par la perspective de venir gonfler les rangs de vos citoyens, malgré notre profonde... aversion... envers les peuples prônant une telle mixité culturelle..."

Ses derniers mots étaient chargés de sens, et il avait bien insisté sur ceux-ci. Il savait se tenir un minimum quand cela était nécessaire, mais certaines idéologies sont tellement ancrées dans l'âme d'un homme que ce dernier ne peut les négliger. Il avala une gorgée, se brula la langue et regretta aussitôt son acte, tant le gout du thé le rebutait. Mais par respect et pour son estime personnel il savait qu'il terminerait la tasse, question de protocole, bien que son interlocuteur n'était pas humain.
Il reposa la tasse.

"Si vous voulez une idée de comment s'est déroulé mon voyage, demandez à mes hommes. Personnellement je vous répondrait qu'il s'est déroulé sans problème jusqu'à notre entrée dans le désert, mais j'avais probablement plus de motivation qu'eux."

Son regard se tourna vers l'entrée de la tente dont la toile commençait à s'agiter sérieusement sous les attaques de plus en plus incessantes du vent et du sable.

"Tant que je suis ici, si vous avez un quelconque service à me demander, je me ferais une... joie... de vous le rendre. Après tout, le vin que vous m'avez offert n'était que pour récompenser la peine que je me suis donné pour mon voyage. Cette bague par contre représente beaucoup plus que cela."

*Sa nourrice...* se dit-il. Souriant à cet annonce, il le fit disparaître tout aussi rapidement quand il apprit le destin qu'avait connu cette dernière.

Concentrait sur son discours, il fut tour à tour heureux de le voir saisir la tasse de thé malgré une aversion apparente face à ce breuvage. Puis dépité devant ses propos tranchants quant à la mixité des peuples. * Encore un de ceux qui croit uniquement en l'homme * soupira-t-il pour lui-même.

Il resta bloqué sur ces derniers mots et n'écouta que d'une oreille la suite de sa réponse. Rien d'important ne sortit de sa bouche, du moins rien qui valait ces propos extrémistes.

Longtemps pensif, il finit par se redresser sur les coussins et entama:

« Un service? Hum... Tiens! Allez vous reposer au sein de votre château, si vous y tenez toujours, je vous le rend, bien sûr en aucun cas vous n'aurez de pouvoir exécutif en ces lieux, ils restent sous ma juridiction, et il en sera de même pour vous. Par contre tous ceux qui voudront bien travailler pour vous feront comme bon leur semble, mais vous veillerez à leur besoin en tant que gouverneur de la région, vous serez donc le représentant de mon pouvoir. »

Il espérait ne pas faire une trop grosse erreur en agissant ainsi, mais bon, l'honneur voulait que l'on ne dépossède pas ainsi un homme de ses terres, il avait aujourd'hui l'occasion de rendre son domicile à celui qui l'avait fuit trois ans plus tôt.

« Et comme je ne suis pas homme rancunier, je vous invite à vous joindre à moi dans un événement qui se passe à une distance raisonnable de mon royaume. En effet, je me rend à un tournoi organisé par une des gentes dames de ce monde. Allez aplanir votre réflexion sur ma proposition et vous reposer, je vous attendrait là-bas. »

Il se leva, sortit un parchemin contenant une carte des Terres Inconnues et traça une croix rapide sur l'emplacement de l'évènement. Il la posa ensuite devant Mstislav.

« Vous pourrez ainsi vous y rendre sans encombre. »

[Edit HRP: Désolé pour l'ellipse temporelle dans la localisation de cet événement par rapport au tournoi pour un baiser.]

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Le protocole et le respect des procédures avant tout. C'est ce dogme qui donna à Mstislav la force de boire le restant de thé brulant. Reposant sa tasse pendant qu'il écoutait son interlocuteur, il fit peu à peu la grimace. Retourner dans son château? Reprendre contact avec son ancien peuple? Allons, il n'est plus rien aujourd'hui, il n'est qu'un manant qui a fui le destin que les dieux avaient prévu pour lui il y a trois ans de cela, et d'une manière si déplacée que s'il était reconnu par le moindre passant il finirait lynché en moins de deux par une foule prise d'hystérie.
La seconde proposition quant à elle semblait nettement plus intéressante. Un tournoi, donc une prime à la clé...
L'air grave, Mstislav se leva de ses coussins et s'exprima:

"Sultan, je pense que vous comprendrez que je ne puis retourner aussi impunément dans mon ancienne demeure. Certaines lois et décrets que j'avais promulgué n'avait eut que des conséquences désastreuses qui ont du peser lourd sur le bas peuple. En plus d'être dangereux pour moi, cela serait terriblement impopulaire pour vous. Je ne souhaite pas entacher votre image et voir un ou deux vieux paysans encore trop loyaux à mon héritage monarchique mourir face à moi en tentant de me sauvegarder d'un inévitable lynchage. Je me vois obligé de refuser votre requête."

Son visage se détendit et tout en restant étonnamment droit, Kolenski s'inclina devant le sultan.
Un sourire commença à déchirer peu à peu son visage:

"Par contre, j'accepte votre invitation à ce tournoi de bonne grâce! Peut être y auront nous l'occasion de nous y affronter.
Sur ce, je vous libère. J'ai pris trop de votre temps précieux pour des affaires d'une si faible importance comparée à vos devoir envers vos... votre peuple, je n'en doute pas.
Merci pour la carte, j'espère vous retrouver au tournoi."

Sans demander son reste, Mstislav se releva et tourna le dos au sultan avant de quitter la tente. Il se dirigea vers ses hommes, saluant au passage grossièrement les deux accompagnateurs du sultan, et hurla quelques ordres à ses hommes qui, visiblement peu heureux de repartir aussi tôt, prirent leur temps pour atteler les chevaux.
Le vent commençait à se calmer et les dunes se refirent visibles dans le lointain.
Une fois les chevaux prêts, Mstislav indiqua sèchement à ses hommes la route à suivre d'après la carte, et ouvra une bouteille de rosé avant de monter à cheval.

La dernière chose que virent les hommes de main du sultan concernant la troupe s'éclipsant derrière les dunes de sable fut probablement une bouteille vide jetée négligemment dans le sable.