Indep en danse

Griffon était songeur, ses yeux étaient perdue sur la pancarte qui pendait au dessus de son étagère, à quelques pas de la porte d’entré de son bureau. C’était une réplique de la célèbre charte des gardes.

« ~~ I – Tout Seigneur pensant avoir été victime d'une injustice, quel qu'en soit la nature (vol, viol, meurtre, injures, etc.) est amené à déposer sa plainte en ce lieu ~~

~~ II – La Garde se réserve le droit d'arrêter et de placer en prison quiconque pour les motifs suivants ~~

" Trahison envers le Doux. Que ce soit par la parole sous forme d'injures ou par les actes."
" Outrage aux agents Hangratials. Qu'ils soient Hastrateurs, Taverniers, Gardes ou Intendants."
" Atteinte à autrui. Que ce soit par des vols, des viols, des meurtres ou n'importe quoi qui mettrait en péril la liberté de chaque seigneur. "

~~ III – Toute accusation sera suivie d'une enquête minutieuse dans le but d'un jugement juste et impartial. Le recours à des avocats est permis ~~

~~ IV – La Garde est au service de chacun, dans l'unique but de la sécurité de tous ~~»

Cette histoire avec le Sieur Wilwarin visant à obtenir le rôle d’Hastrateur le préoccupait depuis quelques jours déjà… Lui qui souhait abolir la subordination au hastrateur tenait enfin quelque chose entre les doigts. Mais jamais les hastrateurs n’accepteraient de satisfaire sa requête. Ils étaient connus pour être avides de pouvoir… Le général frappa du poing le bureau en hêtre et se leva d’un bond.

« Nous n’avons de comptes à rendre qu’au Doux ! »

Il alla lui-même chercher Elhandil, Aelis, Klaedr et Malenie. Il les fit entrer dans la salle verte… Tous s’assirent sur des chaises, face à Griffon, aucune table ne les séparait.

"Bonjours capitaines, je vous ai réunis car le moment est venue pour la garde d’Alérandir Daâh de reprendre son indépendance, du moins, la garde n’a de comptes à rendre qu’au Doux, les hastrateurs n’ont aucun droit légitime de nous commander. Et voila qu’on me demande de former un futur hastrateur… Ils dépassent les limites ! Nous n’allons pas nous soumettre à leurs ordres à deux pièces d’or. Je vais aller voir l’intendant et essayer de le raisonner, s’il refuse de m’écouter nous emploierons la manière forte, êtes vous avec moi ?"

Il regardait chacun de ses officiers dans les yeux, tours à tours, il s'attarda dans les yeux de Malenie.

Klaedr convoqué par son général se droit sur sa chaise lorsque ce dernier se lança dans une diatribe endiablée concernant l'abolition de privilèges ou d'autre chose. Le nain ne comprenait pas toutes ses choses car dans son royaume, devenir le supérieur de quelqu'un relevait du mérite et non de la fonction. Il croyait lorsque l'innocence était encore dans ses yeux qu'il en allait de même sur tout Aguératon mais il avait dû depuis longtemps abandonné cet idéal. C'est donc loin de ces préoccupations que Klaedr répondit tout de même car étant garde

Mon général, je demande la permission de parler

Vas y

Merci mon général. Je ne connais pas trop ces histoires de subordinations car je suis un capitaine récent toutefois j'aimerais, puisque vous me le permettez m'exprimer. De tous temps les Hastrateurs ont dirigés la garde mais depuis déjà un moment cela n'est plus que sur le papier. Je serais bien entendu avec vous dans ce combat mais ne craignez vous pas que cela dégénère car nous les gardiens de l'ordre ne pouvons nous permettre de nous absenter longtemps. Je suis tout à fait d'accord avec vous, il nous faut abolir ce rapport mais est ce vraiment le bon moment ? Il ne tien qu'à vous d'en juger. Pour clore mon discours inutile je dirais que je serais avec vous quoi que vous fassiez et que le peuple le sera aussi car il est net dans les esprits que la garde est beaucoup plus présente que les hastrateurs que l'on n'a pas vu depuis bien des lunes.
Je combattrais à vos côtés si vous le voulez

Klaedr tout au long de sa prise de parole s'était enflammé et ses derniers mots s'étaient éteints alors qu'il tenait fermement dans ses mains sa hache prêt s'il le fallait à en faire usage...

Elhandil se dépêcha de rentrer dans la chambre verte en compagnie de ses camarades. Leur Général prit alors la parole. Elhandil écouta attentivement et approba d'un hochement de tête puis lorsqu'il allait poser ses questions, Sir Klaedr le prit de court. A la fin de son discours, Elhandil acquiesça. Puis, il dit :

- Mon Général, sachez que je ne dirais qu'une chose : Je suis un Garde, sous juridiction du Doux et seul du Doux ! Les Hastrateurs ne sont point nos maîtres. Je serais avec vous, même si je dois en périr. Les Gardes sont indépendants.
Je suis avec vous !

Elhandil avait les yeux qui brulaient d'ardeur, et son épée, à moitié sortit de son fourreau, n'attendait qu'un ordre. Puis, il se rassit et dit d'une voix posée :

- Cependant, il vaut mieux se prévenir, comme vous le dites, allons voir l'Intendant, puis nous aviserons. Nous n'aurons comme ça rien à nous reprocher. Que les Dieux soient avec nous !

Aelis, convoquée ici par son général, était assise dans la salle verte près de ses collègues. Elle écouta attentivement son chef, Klaedr puis Elhandil parler. Elle qui n’était garde que depuis quelques temps, même si le sire Klaedr l’était depuis moins longtemps qu’elle, ne connaissait encore pas parfaitement le fonctionnement de tout le système. Mais elle avait ses principes et ce qu’elle savait c’est que le général de la garde forme ses recrues. Il ne devait donc pas former toutes autres fonctions. Tout devait être dans l'ordre des choses, soit que l'hastrations forme les futurs hastrateurs et que la garde ses futurs gardes.

Après qu'Elhandil eu finit de parler, elle se leva soudainement et prit la parole.

Mon Général, la garde d’Alérandir Dâah se doit de former d’autres gardes et eux seuls. Pourquoi ne pas l’inciter à former bientôt aux métiers de taverniers, explorateurs ou journalistes ? Nous laisserons nous arranger longtemps ? Il faut agir mon Général et au plus vite.

Après une légère pause, Aelis continua plus calmement.

Il est en mon honneur de servir le Doux. Ainsi je me joindrais à vous pour défendre l’indépendance de la garde de quelques manières que se soit.

Dès qu'elle finit de parler elle se rassit doucement, attendant une réponse.

Quand Malenie entra dans la salle verte, elle fut arrêté par le vert. Manque de goût stylistique !
Elle s'assit sur une des chaises face au Général, et à côté des autres Capitaines, et observa la scène qui allait se dérouler devant elle. Elle était intriguée par le sujet de la réunion.

Quand Griffon commença à parler, elle le regarda plus attentivement, et un sourire passa sur ses lèvres quelques dixièmes de secondes, avant de disparaitre et de redevenir la femme que beaucoup de personnes connaissaient comme cela. Sans grand sentiment, sans aucune expression. Elle observa plus particulièrement les yeux de Griffon qui s'attardaient sur chacun des capitaines présents. Et un air amusé passa dans les yeux de Malenie.

Griffon avait une envergure que tout chef a, et cela se voyait. Il avait une belle éloquence, et un charisme assez impressionnant.
Etant donné qu'elle était elle-même chef, d'un pays, elle savait s'y prendre, et comprenait maintenant pourquoi Griffon avait été choisi à la place d'un autre. Même si elle ne connaissait pas l'autre en question. Le général était présent partout, et même au point de laisser sa vraie vie passer après.
Un moment, elle l'admira. En effet, il faisait ce qu'elle, Malenie Reine de Nephis, ne faisait pas pour son pays. Et un sentiment étrange, comme de faute envers sa terre natale, l'assaillit.

Malgré ses réfléxions internes, elle gardait une oreille sur la discussion, et un oeil aussi qui regardait constammant différentes personnes.

Elle entendit donc le discours de Klaedr, nouveau Capitaine de la Garde, et elle trouva le discours assez craintif. Mais émettant des questions, qui pouvaient être posé, bien qu'elle les trouvait pas vraiment interessante. Est - ce le bon moment ? Ah ça, ce ne serait jamais le bon moment!
Bref !

A la suite le Capitaine Elhandit prit la parole, son discours, était quant à lui engagé. Il suivrait Griffon quoi qu'il en coûte. Et elle vit la fidélité de ce capitaine vis à vis du Doux.

Et Aelis. Son raisonnement était assez juste, mais les actions qu'elle voulait effectué était toujours assez expresses, pressées. Si rébellion il y a avait, il ne fallait pas se jeter dans la mélée la tête devant. Non, il faudrait réfléchir.

Quand Aelis finit de parler, elle sut que c'était à elle d'intervenir. Mais à vrai dire, que dire ? Le Doux, elle en avait un peu rien à faire, et à Nephis, même si les niveaux, les fonctions n'étaient pas définies pareil qu'ici. Personne, ou rare exception, n'aurait pu passer directement Hastrateur avant d'avoir fait un passage dans la Garde. En effet, les responsabilités d'Hastrateurs étaient bien trop importantes pour les donner au premier nouveau venu. C'était donc, les Gardes qui formaient les recrues, qui elles avaient la possiblité de progresser, ou de stagner...

Mais ce qui était criant ici, dans Aguératon, c'est que la Garde et les Hastrateurs luttaient. Aucune synergie entre eux. Et c'était peut- être ça qui était peu acceptable. Mais après tout, elle n'était pas à Nephis, elle était à Aguératon, et elle se devait de respecter les traditions de ce pays.

Elle se repassa les différents discours dans la tête, avant de prendre la parole calmement :

"Ce qui est le plus à risquer, du fait qu'on forme les recrues hastrateurs, c'est du futur. Si toutes les recrues Hastrateurs passent chez nous, notre groupe est menacé. En effet, l'espionnage est alors ouvert.

Je m'explique, une inimité assez flagrante se trouve entre nous et eux. Les hastrateurs pourront donc aisément envoyer quelques espions, voir les coups qu'on fomente pour nous libérer de leur joug.
De plus, et à la limite plus réaliste, ils pourront, supprimer la place du Général, et l'attribuer à l'un des leurs. Pretextant, bien entendu, le contrôle de leur recrue"

Elle s'arrêta quelques secondes, avant de reprendre :

"Il faut sûrement agir, avant qu'il ne soit trop tard. Oui ! Mais agir sans réfléchir nous ménera à rien. Et le dire à l'Intendant, n'est peut- être pas la meilleure idée, bien qu'elle nous permettrait de nous protéger.
L'Intendant, est un ancien Hastrateur, fier de sa personne, et arrogant, si on lui dit ce que l'on projette de faire, il ne nous laissera pas le faire"

Elle respira :

"Enfin, je vous suivrais, si révolution il doit avoir. Mais ne croyons pas que la victoire est si facilement acquise"

Elle se tut.

Elle avait pertinemment fait le choix de ne point prononcer le Doux, car ce n'était par comme Aelis ou Elhandil, ne servir que le Doux, qui l'animait. Le Doux, elle ne l'avait jamais vu, et entendait des rumeurs pas très glorieuses. Non, elle était capitaine de la garde à Aguératon, et c'était plutôt cela qui l'animait. Recevoir des ordres d'un groupe où un traitre régnait, n'était pas vraiment la meilleure chose à faire. De plus, un groupe quasi inexistant. Non merci!

Le nain avait écouté les autres capitaines, il avait crû comprendre la passion qui les animaient mais lorsque Malénie parla il ne sut que penser, cette femme avait parlé juste et cette justesse était telle que le nain resta de longues secondes à l'observer durant ces fragments de vie il se dit qu'en effet il ne fallait pas prévenir l'Intendant, il fallait comploter, si tel était le mot, dans l'ombre et sourire à la nuit qui elle seule serait au courant. Il faillit prendre la parole mais se retint de justesse et continua à observer. Le Capitaine réfléchit et le silence dans la salle se prolongea de longues minutes. Le nain dit alors après avoir, comme la coutume le voulait dans son royaume, tourné sept fois la langue dans sa bouche.

Notre indépendance ne doit pas être obtenue lors d'une révolte, nous devons l'obtenir par la ruse. Je pense que nous devrions lire les lois des royaumes car je suis persuadé qu'il ne fut jamais expressément ordonné que les Gardes soient sous le joug des Hastrateurs. Il nous faut savoir utiliser nos connaissances tout d'abord mais je suggère que vous, Mon Général, vous parliez au peuple. Le peuple nous aiment mille fois plus que les Hastrateurs et il nous soutiendra, trop longtemps ceux qui nous contrôlent ont oubliés la force de la populace. Servons nous de cette popularité que les citoyens ont pour nous. Servons nous de notre intelligence et non pas de notre force et c'est ainsi que nous deviendrons indépendants...

Le Nain se tut et observa la drôle de scène qui était en train de se dérouler, où cela allait il tous les emmenait, finiraient ils dans cette geôle qu'il contrôlent ou bien finiraient ils indépendants...

Tout le monde avait parlé. Et quand Griffon voulut répondre, il se fit interrompre par un bruit. C'était quelqu'un qui toquait à la porte. Le Général répondit "Entrez" puis un messager apparut.

"Excusez - moi Général, j'ai une missive pour vous"

Il la parcourut des yeux, puis les releva vers ses capitaines.

"Nous remettrons à plutart cette discussion. Mais gardez vos idées en tête !"

Et d'un signe de tête, il congédia les quatre Capitaines qui étaient présents.