Rubrique Nature et Découverte : Première Edition.

Première partie : les yeux grands ouverts.

Peut-être n'avez vous jamais remarqué cet arbre, là-bas, près du ruisseau ? Saviez-vous que c'est un Leptocycas, qui ne s'épanouit qu'aux bords des cours d'eau, et seulement sur l'île ? Êtes-vous au courant que les arbustes qui bordent vos royaumes sont très nocifs, et que seulement quelques grammes de leurs fruits rouges suffisent pour tuer un homme aussi robuste qu'un orc?

La flore de notre île est pour le moins particulière, et ressemble peu à celle du continent... Elle est cependant d'une grande richesse, c'est pourquoi je vais tenter de vous dévoiler une partie de son mystère.

Tout d'abord, les plantes peuvent êtres séparées en trois grands groupes ( non-basés sur la biologie ) :

- les plantes à tiges rigides. C'est-à-dire les arbres.
- les plantes à tiges souples. C'est-à-dire les fleurs, les légumes,...
- les plantes marines.

Je pourrais vous faire un descriptif de toutes ces plantes dès à présent, mais vous risqueriez de vite abandonner la lecture des lignes qui vont suivre. C'est pourquoi je ne prendrai que quelques exemples pour chaque groupe.

Chaque espèce mériterait qu'on s'intéresse à elle. Malgré tout, il y en a qui sont plus originales que d'autres.

L'arbre Pandanus Sanderi, que vous avez peut-être vu sans le savoir, est un arbre particulier. En effet, ses très longues feuilles jaunes et vertes cachent bien des secrets. Si vous touchez l'une d'elles, elle s'enroule instinctivement.
C'est aussi l'une des rares plantes à être indépendante du soleil.
Cependant, nous pouvons nous demander pourquoi possède-t-elle des feuilles vertes alors que c'est le soleil qui apporte cette couleur ?
Et bien, la raison en est simple : cette plante se trouve principalement dans les zones marécageuses, et se nourrie d'algues ... vertes. Si cet arbre s'est développé dans un sol peu humide, il prendra une couleur jaune.
Les feuilles, elles, se replient au moindre contact, car une grande partie de la sève du Pandanus se trouve à cet endroit, il faut donc les protéger le plus efficacement possible.

Si nous prenons aussi l'exemple de la fleur Grimismia Alorisi, qui s'accroît très facilement dans les milieux marécageux, nous pouvons noter que c'est une plante relativement similaire à l'arbre Pandarus Sanderi.
En effet, ces magnifiques pétales mauves se rétractent au moindre contact. La fleur, qui était il y a quelques secondes ouverte, se recroqueville, protégeant son pollen si précieux et si rare.

C'est une petite plante à tige souple très répandue, et qu'on peut parfois rencontrer dans les clairières.
Sa couleur mauve, profonde, cache un poison assez nocif, c'est pourquoi si vous en rencontrez, n'en ramassez surtout pas ! Car la sève est très agressive pour la peau, et peut provoquer d'importantes brûlures chez les enfants.

Pour finir, apprenez à regarder ce qui se trouve à vos pieds...nous pouvons parfois faire des rencontres pour le moins étranges.

Par Tempora.

Deuxième partie : L'Eveil.

Ca y est, c'est le printemps.

Le soleil se lève, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu si en forme. Ils chauffent mes membres brunis petit à petit, me donnent l'énergie pour renaître. Comme après chaque hiver, c'est pour moi l'heure de la résurrection. La catalepsie est terminée, l'heure est à la photosynthèse.
Un peu d'oxygène pénétra mon corps. Trop. Je recrache immédiatement. J'ai failli oublier que le goût était horrible, et que je ne pouvais pas m'en rassassier. Comment font-ils pour en consommer autant, eux ? C'est ça qui doit les rendre si fous et si agressifs.

J'ai faim. Je décide instantanément de lancer la pousse des feuilles, nécessaires à l'absorption de ma nourriture. Commencer par la pétiole, faire les nervures une à une et les relier par des limbes. Seuls nous, les végétaux, savons ce qu'il en coûte de se reconstruire chaque année. Il me faut de l'eau, beaucoup d'eau. Et du temps aussi.
Le soleil a rendu le sol plus mou, je peux enfin ressentir mes membres inférieurs. Mes racines, ancrées profondément dans la terre, ramènent l'eau et les minéraux qu'il me manquait.

Après m'être suffisamment soucié de ma santé et de ma propre écorce, je prends la décision de m'intéresser à mes pairs. Sont-ils toujours là ? Ont-ils survécu à l'hiver ?
Les spores du gros chêne s'accrochent doucement à mes branches encore frêles. Il est toujours là, c'est le plus vieux du bosquet, il me connait depuis que je suis une graine. J'envoie immédiatement quelques légers pollens traduisant mon enthousiasme à le savoir toujours sur racines malgré son âge.
Un faible craquement de branchage vient résonner dans mes brindilles, il a rigolé. Je reçois ensuite beaucoup de particules voletantes... le saule, l'acacia, le sapin, le frêne. Tout le monde se félicite et s'échange de sincères politesses.

Mais ? Où est-il ? J'ai beau trier, analyser toutes les informations, je n'ai aucune nouvelle de mon homologue Leptocycas. Je m'inquiète, je sécrète des spores à tout va. Le chêne me répond, il a laissé tomber un morceau de brindille où aurait dû se trouver mon ami... Les vibrations sont formelles : il n'y a plus qu'une souche.

...Je laisse tomber ma dernière feuille, la seule qui avait subsisté durant l'hiver... Deuil.

Le frêne sécrète alors une nouvelle étrange : quelque chose pompe discrètement quelques minéraux à ses côtés, ses racines l'ont ressenti. C'est un Leptocycas, mon ami a dû laisser échapper une graine juste avant de mourir. C'est sa sa mémoire, sa sève.
Même si la jeune pousse n'a pas encore émergé et ne peut pas encore communiquer, je jure de la protéger, et de venger son géniteur.

Je propose à mes pairs de découvrir ce qui est arrivé. Nous concentrons nos racines, épurant la terre, lisant en elle comme dans un livre. Elle nous offre son savoir, nous fait revivre ce dont elle a été témoin malgré elle.

Mon ami Leptocycas s'est éveillé trop tôt, il a été dérangé. Il a puisé des sels trop tôt.

Coup de hache.

Une consommation d'eau excessive, il s'est senti en danger.

Coup de hache.

Ses racines puisent moins, il faiblit.

Coup de hache.

Aucune activité, plus rien, il est mort.

Un des leurs l'a tué, coupé et emmené. Sûrement pour faire la guerre ou détruire je ne sais quelle forme de vie auquelle ils s'estiment supérieurs. Il reviendra sûrement, aujourd'hui ou demain. Il voudra en détruire d'autres. Peut être moi ? Peut être le chêne ? Je ne peux pas laisser faire ça, je dois protéger la jeune pousse, c'est une promesse.
C'est décidé, je le rendrai à la terre, elle le remodèlera à sa façon, en fera une roche inerte ou une ronce énervante. Ca ne pourra être que mieux, et de mon côté, je sais comment m'y prendre...

A suivre.

Laquatus.

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