Les Joyeux Pantins

Une silhouette encapuchonnée déambulait partout dans la capitale, elle allait vite, fendant le vent, terrassant les pavés de ses pieds. La nuit sombre qui étendait son manteau sur la capitale et traversant les brumes ambiantes la silhouette se rendait vers un nouveau bâtiment qui venait à peine d'être construit. L'ombre du vent entra à l'intérieur de ce qu'on appelait un théâtre. Nul doute que certains existaient déjà dans la capitale mais celui ci appartenait à une nouvelle troupe qui avait vu le jour quelques mois auparavant...

Il y a 3 mois...

Toujours dans la nuit, la même silhouette se baladait déjà dans les rues de la capitale mais se rendant cette fois ci vers une maison devant laquelle on avait l'habitude de passer sans s'arrêter allant même jusqu'à oublier sa présence. La silhouette entra donc par la porte après avoir frappé trois coups puis deux. A l'intérieur, une dizaine de personnes étaient déjà réunies, la silhouette les salua puis alla s'asseoir sur le siège central. La pièce dans laquelle ils se trouvaient était faite de telle sorte qu'une personne se trouvait au centre de toutes les autres. On pouvait ressentir la fièvre des jeunes passionnés, on pouvait lire dans leurs yeux une envie que l'âge adulte et les responsabilités arrachent à nos cœurs. La silhouette fit faire le silence puis enleva sa capuche. Sous celle ci se trouvait le visage d'un humain, un visage à la fois gracieux et rugueux. La jeunesse transpirait d'un visage pourtant fatigué, ses yeux observaient le monde, le dévorant d'un appétit sans bornes. Un sourire se dessina alors sur ses lèvres que énormément de filles avaient déjà embrassé, ses yeux s'illuminèrent alors que sa voix rapide traduisant sa passion s'élevait

Merci encore une fois d'être venu lorsque j'ai lancé l'appel, merci à Léonard de nous recevoir sous son toit. Si j'ai lancé l'appel que nos pères avaient mis en place c'est pour vous parler d'une idée que les nuits ont semé dans mon esprit. Certains d'entre nous se connaissent bien, d'autres sont des quasis inconnus et cela n'est pas grave car nous partageons tous la même passion qui anima nos pères. Vous souvenez vous des éclats de Milios ?

L'homme se tut, laissant les souvenirs submerger les pensées de ses amis. Il reprit donc peu après.

Oui vous vous en souvenez, tout ceux présents ici ont été éduqués dans cet esprit là et nous n'oublierons jamais Milios, mon père. Nous nous rappelons tous de l'histoire de nos pères mais laissez moi vous la conter à nouveau...

A nouveau, la bouche de l'homme se resserra, il sortit une petite bourse de sa poche, dénoua le nœud qui la serrait et en sortit des petits grains semblables à de la poussière. Il les jeta dans le feu qui se trouvait non loin de lui et une explosion retentit, le silence se fit, des images apparurent dans le feu et l'homme d'une voix silencieuse conta l'histoire des pères...

Milios étudiait dans une académie, là bas il apprenait des plus grands maîtres aux côtés de ses amis. Lorsque ceux ci eurent terminés leurs études, ils ne purent se résoudre à se perdre de vue et à arrêter leurs discussions enflammées sur des sujets divers et variés. Ils se retrouvaient donc une fois par semaine dans une maison et parlaient jusqu'à l'aube. Parfois, lorsque l'envie leur en prenait ils montaient sur ce qu'on appelle les planches, ils jouaient alors, ils interprétaient, critiquant les hommes de pouvoir, riant des batailles terrifiantes. Ils avaient pour eux une insouciance sans limites et en face d'eux ne se trouvaient que du mépris ou de l'incompréhension. Mais ils s'amusaient, soyez en sur. Puis vint un temps où ils décidèrent d'un commun accord de se séparer, de dissoudre l'assemblée des Joyeux Pantins comme ils avaient coutume de se nommer. Ils se dispersèrent donc et Milios créa un signe, un appel pour que lorsque le moment serait venu ils puissent tous se réunir. Ce moment ne vint pas mais ils nous enseignèrent leurs langage, leurs mimiques. Ils nous façonnèrent à leurs images, dessinant leurs qualités, grossissant les traits de leurs défauts pour que nous n'en soyons que plus humains. Ils firent de nous leurs descendants non pas par le sang mais par la pensée. En réalité, mais cela n'est qu'une légende à laquelle je crois toutefois...

L'homme arrêta de parler en même temps que les flammes crépitantes laissaient disparaître les images. Désormais, ce qu'il allait dire n'était pas sûr, ce n'était qu'une simple croyance et les flammes de la vérité ne pouvaient le représenter. L'homme reprit alors...

Dans les faits nous savons simplement que tous nos pères disparurent le même jour. Magie certains disent, enlèvement d'autres chuchotent. Dans la légende que certains chérissent il est dit ceci :
Lorsque leur fils furent assez matures, les Joyeux Pantins se réunirent une dernière fois avant de repartir sur les routes amuser les peuplades et à la fin de leur voyage ils partirent dans un autre monde, plus avancé que le nôtre et d'où ils ne revinrent pas...

Cette légende ne veut rien dire, elle nous laisse juste supposer que nos pères n'auraient pas disparu mais que pour laisser nos ailes éclater bien ils seraient partis.....

Se taisant à nouveau, l'homme regarda autour de lui, tous les visages avaient déjà entendu parler de ceci, certains étant plus incrédules que d'autres. L'homme décida alors d'attaquer le pourquoi de la réunion.

J'ai raconté cette histoire mais toutefois cela n'était pas la raison de l'appel. Nos réunions sont plus ou moins clandestines, nous n'existons pas aux yeux des autres et personne en ce monde ne se doute de notre talent. Regardez autour de vous, la morosité règne, enchaînant le peuple, déprimant les seigneurs, engendrant des guerres horribles. Nous les fils des Joyeux Pantins nous devons d'amuser le peuple à nouveau, de critiquer sans retenue ceux qui se croient supérieurs. C'est pourquoi je vous propose d'officialiser en somme notre union, c'est pourquoi je vous propose de créer notre théâtre, c'est pourquoi comme nos pères avant nous je vous propose de nous amuser !

La stupéfaction se lisait dans les yeux de quelques uns, la joie dans ceux des autres. Léonard, l'hôte dit alors.

Tout ceci est bien beau, mais peux tu nous dire, quel nom nous porterons, comment nous ferons, qui nous critiquerons, comment nous ferons pour nous défendre face aux soldats de ce monde. Peux tu nous dire tout cela Exlios, fils de Milios

Exlios était heureux que Léonard pose ses questions, cela lui permettrait d'expliquer tout sans avoir à bâtir de plan. Il passa sa langue sur ses lèvres et reprit la parole.

Et bien, je peux te dire tout cela. Voyons, nos pères se nommèrent les Joyeux Pantins car bien que manipulés par on ne sait qui comme des pions ils étaient heureux, car bien que des marionnettes ils s'amusaient. Nous aussi sommes comme eux, nous aussi sommes les prisonniers d'une puissance supérieure mais toutefois ne sommes nous pas joyeux, ne sommes nous pas amusant. Nous serons nous aussi les Joyeux Pantins. Avec ce nom que nous porterons haut et fier nous nous rendrons devant ce Conseil dont tout le monde parle. Nous lui conterons notre histoire mais toutefois nous n'aurons pas à nous défendre pour la simple et bonne raison que nous n'aurons pas de soldats. Nous ne serons pas une guilde à proprement parlé, nous serons reconnu par le peuple mais pas par les seigneurs. Qui critiquerons-nous ? Mais voyons Léonard, tu le sais déjà, tout le monde à tout va, les gentils, les méchants, les orgueilleux, les modestes. Nous critiquerons tout sans relâche car ce monde ne vit que sous des chaînes et c'est de notre devoir de rétablir cette vérité pourtant simple : Tout le monde ment ou est hypocrite; nous le serons aussi nous cachant sous nos masques lorsque nous monterons sur la scène pour les critiquer, nous nous cacherons derrière des rôles et nous amuserons. Prouvant ainsi à tous que le monde n'est qu'une illusion et que cette illusion est une comédie ou une tragédie, que sais je, nous prouverons ainsi que ce monde n'est qu'une pièce et c'est à nous de faire tomber le rideau. Nous serons la troupe des Joyeux Pantins, lorsque nous jouerons, nous serons les Joyeux Pantins et nous nous amuserons, oh oui nous rigolerons. Qui est avec moi ? Qui veut botter les fesses à ces aristocrates, qui veut embrasser les pieds du théâtre ?

Sans aucune hésitation tous acceptèrent, persuadés qu'une nouvelle ère de satire commençait. Les Joyeux Pantins allaient s'amuser et pas qu'un peu...

Trois mois plus tard...

Exlios rentrait donc dans le théâtre qu'il avait fait bâtir et qui serait le repère des Joyeux Pantins. Tout était en place et Exlios tenait en ses mains un manuscrit qu'il avait rédigé, il se préparait à se rendre devant le Conseil pour voir ce qu'il en serait. Acceptés ou non, les Joyeux Pantins seraient. Exlios regarda ses amis et leur montra la scène leur disant sans parler que bientôt leur première pièce serait prête.

Exlios ressortant du théâtre se rendit devant ces hommes qui se cachaient derrière un masque. Dans son dos on pouvait lire l'enseigne du théâtre sur laquelle était écrite :

Citation :

Le Théâtre de L'Absurdité sans Nom
Le Monde n'est qu'une pièce, comédie ou tragédie...

Règles, Buts et Politique Interne

Les Joyeux Pantins n'ont qu'une seule règle : Critiquer sans jamais s'arrêter, critiquer tout sans raison.

Beaucoup de personnes tentent de comprendre les buts des Joyeux Pantins, mais peu le peuvent :
-Les Joyeux Pantins critiquent tout le monde pour s'amuser
-Les Joyeux Pantins critiquent tout le monde pour dévoiler la vérité
-Les Joyeux Pantins jouent et interprètent pour leur plaisir
-Les Joyeux Pantins feront tout pour "satirer" la société
-Les Joyeux Pantins tenteront de ne jamais prendre parti.

D'autres buts existent mais seuls les Initiés peuvent les apprendre...

Les Joyeux Pantins peuvent recruter certains seigneurs mais cela est très rare puisque leur groupe est déjà constitué. Seul un seigneur ayant prouvé son esprit affuté pourra rejoindre les rangs des Joyeux Pantins.

Les Joyeux Pantins ne possèdent en théorie pas de chef, toutefois Exlios sera leur porte parole et rédigera généralement leurs textes.Chaque Pantin peut critiquer les décisions d'Exlios et c'est le but.

Politique Externe et quelques autres trucs

-Les Joyeux Pantins se fichent de ce que pense les autres d'eux, ils savent déjà qu'ils sont stupides et par conséquent aucune guerre n'est possible avec eux

-Pour nommer les membres de la guilde des Joyeux Pantins, on dit : Oh Quel Pantin ! Et non pas : Oh quel Joyeux Pantin sauf dans le cas où la personne pense que le Pantin est Joyeux et non pas qu'il s'agit d'un Joyeux Pantin sans toutefois ignorer qu'il est joyeux.