La Confrérie des Enfers

Il entra dans la taverne remplie de la fumée qui s'échappait des cigares et des pipes en écumes des habitués aux mines sombres et patibulaires.
Les éclats de voix avaient cessé dès son apparition. On distinguait à peine sa silhouette dans la mélasse, mais chacun pouvait suivre son évolution jusqu'au comptoir grâce au bruit de ses bottes sur le parquet geignard.
Il portait un imperméable dont la couleur s'était évanouie avec le temps et les embruns, ainsi qu'un chapeau à large bord. Il s'assit sur un haut tabouret et s'adressa alors à la tenancière d'une voix grave et éraillée.

- Servez-moi une bière.

Il marqua une pause et passa sa main sur sa barbe vieille de quelques jours. Ses yeux demeurèrent dans l'ombre...
La tenancière derrière son comptoir portait un corsage rouge afin de se signaler aux clients, il fallait bien cela pour attirer l'attention dans ce marasme ambiant.
L'individu était un habitué des lieux aussi le brouhaha reprit rapidement paraissant plus fort que quelques instants auparavant.
La jeune femme le reconnût immédiatement, c'était un client bien particulier qui venait faire le plein. Elle lui sourit, et passa la main sous le comptoir, effleura un objet puis saisit une bouteille de son meilleur scotch réservé à quelques clients du genre. Elle remplit un verre de ce liquide tant apprécié tout en écoutant ses paroles.
Pour finir elle poussa le verre vers lui et lui répondit d'une voix claire mais faible :

- En vertu de notre accord... D'une inclinaison de tête elle l'incita à boire. Sans le quitter des yeux elle fit glisser un paquet enveloppé dans de la toile cirée sur le comptoir.

- Puissiez-vous tirer quelques choses de mes investigations durant votre voyage.

Difficile d'interpréter le sourire de la personne.




La tenancière Lirna avait fait du très bon travail, grâce à elle et son réseau, il avait pu se faire une idée assez précise du lieu où devait se trouver le temple. Toujours intéressant de faire affaire avec Lirna, songea-t-il, en se remémorant les formes pas désagréables, pour une humaine, de la jeune femme.

Depuis une semaine maintenant il arpentait les chemins censés mener à sa destination. Le temple du dieu souterrain, tel devait être son nom d'après les traductions en sa possession, ne devait plus être très loin... Quelque part dans ces collines à l'ouest d'après ses estimations.
Il souhaitait le découvrir rapidement, impatient d'en ressortir en ayant trouvé l'urne contenant cette immense source de pouvoir, enfin si elle existait réellement. En effet rien n'était moins sûr. C'est une tâche qu'il n'avait osé confier à personne, l'enjeu était trop important pour déléguer ce travail à un subalterne, surtout lorsque l'on n'avait confiance qu'en son propre jugement. De plus, il espérait bien qu'une once au moins de l'histoire était vraie pour que le temps consacré à ces recherches ne soit pas totalement vain.

Après quelques heures de marche dans les collines environnantes à la végétation rare et chétive, il finit par repérer l'entrée. Celle-ci ne ressemblait pas vraiment à ce qu'il avait imaginé. Il se tenait devant une façade haute comme trois hommes environ, encadrée de colonnes noires, une grande porte à double battant métallique faisant office d'accès. Il l'avait vu plus petite et moins austère cette entrée, sa curiosité quand à ce qui se trouvait à l'intérieur décupla proportionnellement.
Le jour ayant bien décliné, il renonça à pénétrer dans le temple au vue de la fatigue accumulée au cours de la journée. Il préféra consacrer le peu de lumière restante à piéger son dîner et à s'installer pour la nuit afin de mieux entreprendre l'exploration du temple, le matin venu, frais et reposé.

Il alluma un petit feu qui, non content de lui donner de la lumière, cuisit le délicieux lapin qu'il avait capturé. Il se coucha sur le dos à même le sol, recouvert grossièrement par sa cape de voyage. A cette saison le temps était clément, et le ciel dégagé permettait d'apercevoir les nombreuses constellations d'étoiles. Il appréciait particulièrement la solitude de l'instant, loin des petits tracas des uns ou des autres. Un bras sous la nuque, il les contempla un long moment...





Il fut irrésistiblement attiré à l'intérieur du temple souterrain en entendant l'Appel. Les grandes portes de métal s'ouvrirent lentement et il descendit le long escalier éclairé de loin en loin par de nombreux braseros avec la sensation irréaliste de flotter plus que de marcher. Son Âme s'enfonça profondément sous terre et vint rejoindre cette présence imposante, celle qui l'avait appelé avec tant d'autorité.

Il atteignit une vaste salle, très haute de plafond, bordée de fines colonnes noires semblables à celles de l'entrée du temple. Lui-même se tenait au pied d'un court escalier au sommet duquel, assis sur un trône, un homme entièrement vêtu de noir irradiait littéralement de pouvoir.
L'atmosphère était lourde de sa présence écrasante.
Un autre aurait mis un genou à terre devant cette aura, ce dégagement de puissance, forcé au respect par cet étrange personnage. Mais il résista à ce qui lui sembla être un test de volonté.
D'une voix désincarnée l'entité prit la parole.

- Voici la démonstration d'une infime partie de mes pouvoirs.
Je devine ton désir malsain d'imposer au monde ton empreinte, mais faute d'ambition, tu te contentes d'égayer ta vie par de minables petites manipulations sans envergure qui te donnent la sensation éphémère d'exister.
J'ai une proposition qui devrait mieux satisfaire tes attentes.

Un sceau me retient actuellement ici, en échange de ma libération et de la possession de ton corps je te permettrais de régner sur le monde à mes cotés.

L'homme vêtu de noir marqua une pause.
Léon ne put nier que ce personnage puissant disait juste... Il n'avait jamais assouvi ses véritables envies, laissé cours à ses plus bas instincts. En échange de ce service il pourrait enfin voir plus grand, et pourquoi pas dominer le monde...
La voix se fit entendre à nouveau.

- Léon es tu prêt à conclure ce pacte avec moi, Hadès, Seigneur des Enfers ?

Sans hésitation il répondit.

- Oui !

Il ne sut jamais que s'il avait refusé, il n'aurait pas vécu plus longtemps, comme le prouvait un certain nombre de squelettes disséminés aux alentours du temple.
A peine eut-il accepté qu'un flot d'images défila devant ses yeux, lui montrant chaque étape de ce qu'il lui faudrait accomplir.





Il s'éveilla brusquement fixant la voûte céleste et se rendit compte du silence qui régnait dans le temple en prenant conscience des multiples bruits nocturnes qui l'entouraient. Une profonde satisfaction l'envahit alors, il avait réussi.





L'aube le trouva éveillé et prêt à en découdre. Après un petit déjeuner frugal et un brin de toilette, il regarda la porte lui faisant face. Les entrailles de la terre l'attendaient. Il franchit les portes métalliques et suivit le même chemin que la nuit passée.

Il finit par déboucher dans une salle rectangulaire entièrement dallée de marbre noir, en son centre sur une sorte d'autel du même marbre, se trouvait la fameuse urne. Cernée par cette noirceur, elle ressortait blanche immaculée ornée de fines arabesques rouge sang.
Il s'en approcha d'un pas décidé, puis sans y réfléchir plus longuement, brisa d'un coup franc le couvercle et par là même le sceau d'emprisonnement.
En un instant, une immense masse de particules noires jaillit du récipient et se précipita sur lui. Malgré la surprise il s'obligea à rester calme, immobile. Celle-ci fini par submerger sa personne, paralysant ses sens un à un, la Vue d'abord, l'Ouïe ensuite, puis l'Odorat, le Goût et pour enfin le Toucher. Son corps ne lui appartenait plus, désormais une entité le faisait se mouvoir.
Le corps de Léon mu par l'esprit d'Hadès se rendit devant la Portes des Enfers, près du Cocyte. Là, il convoqua ses troupes.
Les trois Juges des Enfers apparurent rapidement.
Vint d'abord le Juge Hagen, premier recruté. Il se montrait juste mais il était aussi intransigeant avec les autres qu'il l'était avec lui-même.
Puis apparut le vieux Juge Atlan, deuxième recruté. D'apparence calme et pondérée il pouvait se montrer vindicatif lorsque les circonstances l'exigeaient.
Enfin vint le Juge Androméde, dernier recruté. Il était le plus clément des trois mais aussi le plus rancunier.
Les Disciples arrivèrent peu de temps après et Hadès les passa tous en revue. En tête venait Dakuzen, le guerrier. Rendu fou par de trop nombreuses batailles, il était devenu le Recruteur des Enfers. Suivait Alondin II, abhorrant sa propre naissance, haïssant toute forme de vie, il exhibait le titre de Priant des Enfers.
La voix d'Hadès s'exprima à travers Léon. Ce dernier resta passif sachant qu'il s'agissait là d'un mal nécessaire. Cette nouvelle enveloppe charnelle devait se faire accepter sans s'imposer.

- Léon va vous donner les directives que vous devrez suivre.

Léon parla donc avec sa propre voix en totale liberté afin de prouver à ses troupes son libre arbitre et sa qualité d'enveloppe charnelle protégeant l'esprit d'Hadès, mélangeant le savoir et le pouvoir des deux.

- Les Enfers ont pour mission principale la gestion des âmes après la mort, La Pesée de l'Âme détermine dans quel enfer celle-ci doit aller. De ce fait, il est du devoir de la Confrérie de réguler le flot d'âmes afin qu'il ne tarisse jamais. Cela implique de fréquentes incursions sur les Terres du Dessus.
Chacun devra faire sien l'Art de la Guerre afin de faciliter nos incursions et de maintenir un certain équilibre.
Vos faiblesses devront s'effacer afin que chacun devienne une clé de voûte et soutienne la puissance des Enfers.

Nous ne reculerons devant rien ni personne et respecterons aveuglément tout ordre que notre seigneur Hadès donnera. J'espère qu'il est clair pour tout le monde que la moindre désobéissance sera fatale.

Il promena son regard pesant sur chaque personne présente, en particulier les derniers membres à l'avoir rejoint. Au bout de quelques instants qui parurent des heures il finit par poursuivre.

D'autre part, Les flammes des Enfers forgeront l'esprit de jeunes recrues prêtes à recevoir l'enseignement qui leur assurera de revêtir l'armure maudite des disciples. En effet notre armée devra rester suffisamment forte pour avoir l'impact nécessaire sur les Terres du Dessus.

Les Enfers seront notre repère à tous, notre lieu de repos et de là le seigneur Hadès pourra contempler les différents combats réalisés par ses disciples.
Rage, colère et violence seront là pour nous aider à vaincre nos ennemis. Alliés à une solidarité inébranlable nous gagnerons chaque bataille.

Sa voix avait pris un ton emphatique, ses yeux brillaient devant cette perspective presque palpable.

Il avait communiqué aux troupes son désir de victoire, elles trépignaient maintenant d'impatience devant la Porte.




Dieu des Enfers : Hadès

Juges : Ils représentent les personnes les plus proches du dieu Hadès, ils sont sa garde rapprochée et dirigent avec son accord, les armées des enfers.

Maîtres des armées : Militaires hors pair, ils s'occupent de la direction des raids, des stratégies de batailles mais également de la formation des groupes de combat.

Représentants : Chargés des relations avec les autres guildes, leur identité est connue de tous et toutes bien qu'ils ne dévoilent jamais celle des membres de la confrérie.

Recruteurs : Découvreurs de talent, chercheurs de jeunes pousses à corrompre, ils se chargent de faire entrer les nouveaux membres au sein de la confrérie.

Priants des enfers : Membres ayant déjà fait preuve de leur dévouement envers le seigneur Hadès, ils méritent le respect puisqu'ils ne sont déjà plus de simples disciples.
Ils répondent cependant aux mêmes lois que ces derniers en ce qui concerne les ordres reçus.

Disciples : Membres susceptibles de partir en mission ou de participer aux raids de la confrérie.
Ils sont sous les ordres du maître des armées en cas de guerre ou de raid et sous les ordres des juges en tout temps.




Les Enfers recherchent les recrues prometteuses, on ne vient pas aux Enfers, les Enfers viennent à vous.

Félicitations, le Conseil a décidé d'accepter votre charte, l'expression fine et la concordance des buts avec votre histoire ont satisfait les conseillers toutefois veuillez notez que le Conseil s'est désolé que votre histoire soit quelque peu superficielle (Rapidité des péripéties, Mythologie déjà existante...). La volonté du Conseil à aider les créateurs de charte à donc "sauvé" la votre ; celle ci est donc reçue par le Conseil mais nous espérons que vous prendrez le temps de revoir votre histoire afin de l'approfondir.
Encore toutes nos félicitations

Le Conseil